Bonjour à toutes et tous
Permettez-moi de vous raconter une histoire bien singulière à propos de… diamants ! Il s’agit là d’une tradition d’une sous-tribu d’Afrique Centrale (tribu des Sakata, Congo RDC)
Pierre de Bonheur, Pierre de Malheur :
Dès l’âge de 7 ans (physique et approximatif), et après avoir subi certains rites, l’enfant ou l’adulte sakata se met en quête de diamants opaques de couleur gris anthracite. Ce genre de diamant ne vaut rien chez nous car relevant du diamant industriel, mais est extrêmement précieux pour eux.
Lorsqu’il trouve une de ces pierres, l’enfant ou l’adulte ne doit pas la saisir pas avec les mains pour ne pas « tuer l’âme» de la pierre mais avec ou feuille de palme ou tout autre moyen évitant le contact direct. En regardant la pierre, la personne en fera soit une pierre de bonheur, soit une pierre de malheur, selon son impulsion. Il lui donne alors un nom en rapport avec ce ressenti (par ex : Fille, ou Pain, ou tout autre source de plaisir/ bonheur ; dans le cas contraire, cela peut être Colère, Jalousie, Tristesse etc… ou tout autre cause négative).
Une fois cela fait, la personne va jalousement cacher sa pierre au milieu de ses autres pierres de bonheur ou de malheur (sans les mélanger, bien entendu, et à des endroits bien distants).
Lorsqu’il sera heureux, il ira alors confier sa joie en parlant à ses Pierres de Bonheur (par exemple s’il s’est épris d’une jeune fille, ou s’il a bien chassé, ou même simplement bien mangé). Il fera de même avec ses Pierres de Malheur lorsqu’il sera triste, ou furieux, etc… et mieux vaut aller cracher sa colère sur ses pierres de malheur que d’aller taper sur celui qui est cause de votre fureur !
Il est dit que si d’aventure vous marchez en brousse et que par inadvertance vous découvrez des diamants gris cachés sur lit de feuilles de palmier, surtout N’Y TOUCHEZ SURTOUT PAS, vous tueriez l’âme de ces pierres ! S’il s’agit de Pierres de Bonheur, vous aurez tué le bonheur de quelqu’un, et dans ce cas malédiction sur vous ! S’il s’agit des Pierres de Malheur, tout le mal qui y aura été injecté imprégnera celui qui aura touché ces pierres.
Donc dans les deux cas, je le répète, n’y touchez surtout pas : recouvrez le tout du pied, et passez au plus vite votre chemin...
Pierre de Pardon :
L’histoire de ces pierres ne s’arrête pas là…
Vous imaginez bien à quel point ces pierres sont importantes pour la personne : elles reflètent son âme, elles sont une part de lui et sont ses amies, elles sont sa vie (leur grande peur d’ailleurs est qu’un sorcier trouve et envoûte ces pierres, prenant ainsi possession de l’âme du détenteur).
Imaginons maintenant que X se soit très mal comporté à l’égard de Y, un autre membre de sa tribu . A tel point qu’une indemnisation normale ne suffise pas, en dépit des différentes interventions et offres.
X, contraint de se faire pardonner, n’aura alors d’autre choix que de donner à Y une de ses pierres sacrées (qu’il s’agisse de Pierre de Bonheur ou de Malheur importe peu). La pierre est prise avec la main, X « tuant » délibérément une partie de lui-même, et remise à l’offensé. Par ce sacrifice, X montrera à Y qu’il désire réellement réparer ses torts (cela revient presque pour lui à s’amputer d’un membre) : la pierre devient alors Pierre de Pardon. Dès lors, l’affaire est classée et nul n’a plus le droit de réclamer à ce sujet.
La victime Y qui reçoit cette pierre en dédommagement ne peut bien sûr la mettre avec les siennes puisqu’elle a été touchée mais il peut la porter sur lui, montrant ainsi aux yeux de tous qu’il a « fait plier » autant de personnes qu’il a de pierres sur lui (les Basakatas sont un peuple guerrier, et l’ascendant sur les autres est source de fierté et d’honneur).
Pierre de Bonheur, Pierre de Malheur, Pierre de Pardon : il reste un dernier niveau.
Pierre de Dieu (Ancêtres) :
Symbole de fierté, la Pierre de Pardon n’a aucune raison d’être donnée par Y. Dans une région où la survie est une préoccupation quotidienne (maladies, pauvreté, guerre, etc…), donner gratuitement ce que l’on considère comme précieux n’a pas de sens…
Pourtant, en croisant Z (enfant ou homme, étranger ou de la tribu, qu’il connaît ou non) il peut arriver que Y ressente le besoin impérieux de donner une de ses Pierres de Pardon : cette impulsion est pressante, impérative, et Y ne peut se dérober car c’est la pierre qui lui « parle » et lui impose cela. En donnant cette pierre à Z, Y ne gagne strictement rien, bien au contraire puisqu’il perd une source de son prestige. Pourtant, il s’y soumettra, et la pierre deviendra alors Pierre de Dieu.
Pour X (l’auteur initial de la faute), c’est une grande chance car il sera dès lors strictement interdit à quiconque de faire référence à sa faute, celle-ci est littéralement gommée de la mémoire, totalement pardonnée par les Ancêtres eux-mêmes : c'est comme si elle n’avat jamais existé.
Pour Z, c’est aussi une grande chance car les Ancêtres l’ont choisi pour « laver » totalement l’histoire initiale. Cependant, cette chance ne sera que passagère, et Z n’aura pas le droit de porter la pierre sur lui (bien sûr il ne la mettra pas avec les siennes s’il est membre de la tribu puisqu’elles ont été touchées).
Quant à Y, c’est le grand perdant de l’histoire : il n’y gagne rien. Mais c’est justement parce qu’il n’y gagne rien que, s’il donne cette pierre, c’est bien la preuve qu’il s’agit d’une Pierre de Dieu…
Voilà, désolé d’avoir été aussi long, mais j’ai raccourci autant qu'il m'était possible (et en me relisant, je trouve que j'écris vraiment mal !)