Michaël Gienger parle souvent de Hildegarde de Bingen en donnant certaines de ses recettes, moi curieuse j'ai voulu savoir de qui il s'agissait.
Bénédictine du XIIè siècle, Hildegarde de Bingen occupe par son lyrisme fasciné une place importante dans l’histoire de notre culture. Celle dont l’église fit une sainte est l’une des sources, reconnue ou secrète, de quelques-unes des grandes aventures spirituelles de notre tradition. (définition du site qui lui est dédié). Elle semble très vénérée en Allemagne.
Ce site qui porte son nom, outre vendre ses nombreux livres, donne plusieurs de ses recettes; elle a été un précurseur dans les soins naturels, non pas par les plantes car c'était très courant au Moyen-Age, mais par les pierres.
La définition qu'elle donne dans un de ses livres concernant la formation de la rubellite est très savoureuse:
La rubellite est chaude. Elle naît de n’importe quelle urine et particulièrement de celle du lynx. En effet, le lynx n’est pas un animal lascif, libidineux ou immonde, mais il a, en quelque sorte, un tempérament égal. Sa puissance est si grande qu’elle pénètre dans les pierres, et sa vue est si pénétrante qu’il est rare qu’elle soit obscurcie. Ce n’est pas toujours que son urine donne naissance à une rubellite, mais simplement quand le soleil est plein d’ardeur, que le vent est faible, doux et bien tempéré. En effet, cet animal trouve sa joie dans la chaleur et la pureté du soleil, ainsi que dans la douceur d’un vent léger. Lorsque, dans ces conditions, il veut uriner, il creuse la terre de son pied et répand son urine dans le trou : c’est alors que, sous l’effet de l’ardeur solaire, la rubellite se coagule et pend forme.
Chapitre XIX, la rubellite (ligurius)
Dans le regard qu’Hildegarde porte sur les plantes, les rochers ou les métaux, il y a toujours le souci de découvrir en chaque élément vivant ce qu’il porte encore de sa vocation paradisiaque : chaque fleur, chaque racine, chaque fruit est un signe. Pour Hildegarde le monde est création continue. Dans le vaste champ des règnes animal, végétal ou minéral, s’amorcent bien des métamorphoses que l’homme en état de grâce est en mesure d’orchestrer. Car il s’agit bien d’entendre la musique secrète de la vie. Nous sommes ici aux portes de cette quête alchimique qui lointainement peut transformer les âmes en soleils.