Bon ben je poste alors, tant pis si je me fais enguirlander par la suite
Sujet : vous vous réveillez dans le corps d’un animal du sexe opposé au vôtre.
Contraintes : maxi 3500 signes et vous devrez obligatoirement insérer les mots « muraille de Chine, tempête, briquet, confiture et soutien-gorge.
LEON
Quand je me réveillai ce matin là, je sentis de suite que quelque chose clochait.
Il y avait ce parfum étrange qui flottait dans l’air et qui réveillait en moi des souvenirs brumeux. Je constatais alors que je n’étais plus dans mon lit douillet, bien au chaud sous ma couette, aux côtés de ma femme ! A la place j’étais prisonnier d’un herbage arborant une bizarre couleur de miel avec au cœur cette sensation désagréable de n’être plus moi-même. Je regardais autour de moi, cherchais mon corps, mais ne trouvais qu’une ombre qui ne m’en apprit guère plus. Ma femme, elle, avait tout bonnement disparu.
Ne sachant trop que faire, j’entrepris d’explorer prudemment les lieux.
Je me faufilais tant bien que mal dans cet amas de broussailles dorées qui semblait ne jamais vouloir prendre fin, quand subitement une grande clarté envahit tout l’espace. Je clignais des yeux. J’avançais droit devant moi, sans réfléchir. Le sol, d’un blanc laiteux, se faisait tendre, presque élastique. Vierge de toute végétation il ne semblait pourtant pas souffrir de sécheresse.
Je me retrouvais bientôt aux abords d’une falaise ; le vide me força à reculer. Dépité mais tenace, je décidais alors d’aller vers le nord, tournais à gauche et constatais enfin toute l’étendue de ma désolation.
J’étais seul. Terriblement seul au milieu d’un désert sur une terre inconnue. Au loin, il me sembla apercevoir des sommets…Tristement, je me remis en marche. Je frôlais l’unique cratère de ce paysage pour le moins étrange et ne m’arrêtais qu’une fois au pied des montagnes ; immenses, soudées entre elles, sans aucune prise possible… plus dures à gravir que la muraille de Chine. J’allais me résigner quant une forte secousse ouvrit une brèche inespérée. Je m’y faufilais, courant comme un fou de peur qu’elle ne se referme. La tête me tournait ; ou peut-être était-ce le sol qui bougeait…
Péniblement je continuais mon ascension. Je suais. Au-dessus de moi, une cascade de lianes aux couleurs automnales m’offrit enfin un peu d’ombrage. Plus j’avançais, plus je sentais un souffle chaud m’envelopper, un vent doux et agréable qui dégageait une douce odeur de confiture de fraise. Ma préférée. Fouillant ma mémoire à la recherche de cet effluve qui jadis me faisait frissonner, égaré dans ces souvenirs d’ancienne vie, je ne perçus que trop tard le grondement sourd précédant la tempête. Surpris par la violence des eaux, je fus d’abord projeté en l’air, puis culbutais le sol à plusieurs reprises. La brèche entre les monts s’était encore élargi. Glissant sur le dos, je m’y engouffrais et achevais ma course folle dans le cratère où j’attendis, tremblant, la fin du déluge. J’avais encore du mal à reprendre mon souffle et mes esprits quand un hurlement me fit sursauter. Puis quelqu’un brailla mon prénom sur un ton emplit de colère tandis qu’un forceps géant m’arrachait à mon abri de fortune.
Ce n’est que lorsque je fus face à elle que je compris enfin QUI j’étais ! Je baissais les yeux, elle était en soutien-gorge. J’allais descendre plus bas encore quant une faucille écarlate me sectionna le corps d’un coup sec et mortel. Jeté au sol, agonisant, c’est pourtant la flamme d’un briquet qui m’acheva sans que j’aie le temps de lui dire :
– C’est moi chérie, c’est moi LEON !!
LEON le morpion…